- Non sérieusement? Vous voulez bien m'aider? Ô Telara merci pour m'avoir envoyé ce jeune homme!

A'lana tourna la tête vers le paysan qui avait parlé. Il semblait avoir grand besoin d'aide. Elle avait entendu parlé de l'utilisation des chenilles de Duerena pour éliminer une autre forme de vermine... Elle aurait plutôt employé le terme "remplacer", parce que apparemment, les chenilles posaient problème, et c'était tout Shi-Telara qui allait être en pénurie à cause de leurs bêtises. Voilà ce qui arrivait quand l'homme pensait pouvoir tout maitriser. Elle était contente de ne pas faire partie des idiots qui avaient fait la boulette.

En tout cas, on pouvait dire que ce paysan avait bien fait de chercher de l'aide dans le quartier industriel. On trouvait toujours de tout ici, et les Ingénieurs ne manquaient pas d'imagination pour améliorer le quotidien des habitants. Le jeune homme en question disait avoir inventé une machine pour piéger les insectes volants... volants? Il semblerait qu'elle ait loupé un épisode. Les chenilles ce seraient donc transformées? Ou était le problème? Les paysans avaient-ils peur de pauvres papillons? En y regardant de près, c'était vrai qu'il était amoché celui là.

- Le problème, c'est que j'ai besoin de quelqu'un pour m'aider à utiliser mon invention...

Le jeune homme fit un tour complet sur lui même et aperçu A'lana qui l'observait avec intérêt pour la belle mission qui pourrait s'offrir à elle. L'homme aussi la regardé intéressé, probablement parce qu'il avait trouvé quelqu'un qui pourrait potentiellement l'aider. La jeune femme se leva et se dirigea lentement vers lui, laissant transparaitre toute la puissance qui émanait d'elle. Elle tendit la main au jeune homme qui la serra amicalement.

- Si vous avez besoin de quelqu'un je suis partante !

Le sourire du jeune ingénieur s'élargit. Il semblait ravi et ne cachait pas son bonheur. Il s'empressa de demander quand ils partaient. Elle demanda juste un instant pour régler un dernier détail. Elle appela sa fille qui accourut en vitesse. Elle lui sauta dans les bras alors qu'elle s'agenouillait. Le jeune homme perdit son sourire en la voyant... Encore la faute aux yeux de l'enfant sûrement...

- Tu vas rester bien sagement ici mon coeur, maman va s'occuper des méchants insectes qui mangent toute la nourriture. Ne t'éloigne pas. Je t'aime.

- Oui maman, moi aussi.

Elle embrassa son enfant sur le front puis suivit le jeune ingénieur et le paysan jusqu'au champs. Mais le chemin était long à pieds, et elle ne voulait pas faire subir le poids de trois personnes jusqu'aux champs. En chemin, le l'ingénieur se présenta :

- Je me nomme Judéas, je suis apprenti à la guide des ingénieurs.

- Enchantée Judéas, je suis A'lana, Chevalier Dragon.

Il rougit légèrement sans qu'elle comprenne. Finalement, il arriva au sujet qui fâchait.

- Votre fille...

A'lana s'attendit au pire et fronça un sourcil. Elle n'aimait pas qu'on parle mal de son p'tit brin d'herbe ou qu'on fasse des hypothèses sur ses origines. Peu importe ce qu'elle était, elle resterait sa fille, et sa plus belle réussite.

- ... Oui...?

- Elle semble adorable, comme toi...

La jeune maman resta plantée un moment sur place, analysant ce qu'il venait de dire puis secoua la tête pour reprendre ses esprits. Ouais, il la connaissait mal pour prétendre qu'elle était adorable. Bien sûr que sa fille l'était, mais elle, jamais. A'lana fit un petit oui de la tête et continua à suivre le paysan. Elle chercha à changer de sujet.

- Et sinon c'est quoi cette fameuse invention qui pourrait nous débarrasser des nuisibles?

Il commença alors à expliquer, tout heureux qu'on le questionne. Sa machine semblait être un pulvérisateur de produit tout ce qu'il y avait de plus normal, mais il précisa qu'avec la magie du vent qu'il possédait, l'insecticide pourrait s'étendre sur des champs entiers. A'lana restait peu convaincue, comme si ça semblait impossible. Mais bon, c'était un jeune ingénieur, probablement qu'il avait bûché dur pour arriver à combiner objet et magie. En tout cas, il avait de bonnes idées, bien que ça puisse paraitre farfelu aux premiers abords.

- Et dans ce cas, pourquoi tu as besoin de quelqu'un d'autre? Cet engin n'est pas lourd pourtant...

- Eh bien... En fait, ma magie est un peu nouvelle chez moi, je la maitrise mal, et dès que je veux lancer une bourrasque, c'est moi qui m'envole...

La jeune femme rigola d'entendre ça. C'était assez amusant pour elle, mais voyant que ça le mettait plus mal à l'aise qu'autre chose, elle arrêta et posa sa main sur son épaule.

- Bah avec le temps tu maitriseras ta magie correctement t'inquiète pas. La première fois que la magie s'est manifestée chez moi, j'avais 10 ans et je la maitrisait tellement pas que j'ai tué quelqu'un alors t'inquiète pas, tu t'en sors bien si t'es juste balayé.

Il écarquilla les yeux lorsqu'elle fit allusion à son meurtre, mais surtout à sa façon d'en parler... Elle semblait presque heureuse que ce tragique évènement ait eu lieu. Le paysan, lui, resta silencieux, durant tout le trajet. Il semblait plutôt inquiet de retourner près des champs. Finalement, ils arrivèrent à destination.

- Alors voilà, je vais charger la pompe de ce gaz qui anéantira les papillons, vous pendant ce temps vous m'empêchez de m'envoler pour que je puisse bien répandre tout le produit.

Tel était le plan du jeune homme. L'autre haussa les épaules, comme s'il était résigné à n'importe quelle solution, mais une question brûla les lèvres du Chevalier.

- Ce produit... c'est quoi au juste? ça va pas empoisonner ou détruire les récoltes?

Et comme s'il avait spécialement pas parlé de ce détail pour qu'on lui pose la question, il répondit :

- Eh bien ça n'empoisonnera pas les récoltes, juste les insectes et au pire on lave les aliments, mais il y a un risque que quelques plans soient déracinés si je dose mal ma magie.

Bon, du moment que les vermines mourraient... La jeune femme approuva de la tête et s'avança dans les champs pendant que les deux hommes discutaient de comment manier l'engin. D'une main, elle caressa les pousses qui lui chatouillaient le bout des doigts. Elle sourit en fermant les yeux. Il faisait plutôt bon temps, et ça ne déplaisait pas du tout à la jeune femme. Mais alors qu'elle s'enfonçait dans les champs, elle aperçut certains de ces papillons. L'un d'eux se posa sur son index et elle l'observa. Il était vraiment très beau, et ses ailes bleues lui rappelaient sa robe. Quel dommage de devoir tuer cette si belle créature.

Mais le l'observation s'arrêta nette lorsqu'une douleur au doigt la lança. Elle secoua le doigt par réflexe et constata qu'il saignait. Le papillon... l'avait mordu. C'était alors que l'état du paysan lui revînt en tête.

- Par Telara...

Et là, une centaine de papillons apparurent devant elle. Certain se jetaient déjà sur la jeune femme qui partait un courant et balançant ses bras dans tous les sens pour se débarrasser de ses agresseurs. Au bout d'un moment, les insectes cessèrent leur poursuite et A'lana put retourner vers les deux hommes. En la voyant revenir couverte de sang, Judéas se précipita vers elle. Argh mais qu'est-ce qui lui prenait à lui de la prendre dans ses bras? Non mais ça va pas?

- Putain de papillon carnassiers!

ça résumait plutôt bien ce qu'elle avait vécu dans le champs. Elle jeta sa main en arrière, agacée.

- Qu'on en finisse, abattez moi ces trucs.

Les hommes, ressentant l'autorité soudaine de la femme s'exécutèrent sans discuter. Le jeune ingénieur avait fini de charger sa machine, et A'lana aidée par le paysan étaient positionnée dans le dos de Judéas, prête à le soutenir lorsque sa magie le soufflera.

- Bon... à 3... 1...2...3!!!

Les mains du jeune commencèrent à briller d'une lumière blanche opaque, cachant l'engin. Un air jaunâtre sortit du canon de la pompe et Judéas semblait contrôler sa direction. Semblait oui, car il s'envola presque immédiatement sa magie utilisée. A'lana, surprise d'un tel recul l'attrapa par la taille et positionna ses jambes à l'arrière pour le retenir comme elle pouvait. De toutes façon, si elle ne le faisait pas, elle serait également balayée par la force magique que le jeune homme dégageait. Les deux soutient semblaient tenir, et Judéas maitrisait la direction de ses spores. Tout allait pour le mieux, jusqu'à ce que les papillons rappliquent, apparemment mécontents qu'on cherche à les détruire. Ils entourèrent le trio et commencèrent leur festin. Tous les trois criaient, mais Judéas et A'lana restaient sur leur position pour terminer le travail alors que le paysan s'était enfuit aussi vite qu'il avait put. Sans l'aide du paysan, la jeune femme ne tînt pas et commença à s'envoler en arrière et se rattrapa à la première chose qui lui passa sous la main, autrement dit, la ceinture qui tenait le pantalon de Judéas. Elle s'accrocha comme une désespérée alors que le jeune homme stoppa l'usage de sa magie, faisant retomber A'lana à terre, et par la même occasion, son pantalon auquel elle était si bien accrochée. La jeune femme poussait des cris de douleur lorsque les insectes venaient la mordre, mais ce n'était rien comparé aux hurlement du garçon.

- AAAAAH Y EN A DANS MON CALEÇON !!!

Le jeune homme voulu s'enfuir à toutes jambes, mais oublia A'lana qui était à ses pieds, et trébucha, faisant tomber la machine lourdement sur le sol. Les deux jeunes gens criaient leur douleur jusqu'à ce que A'lana eût la merveilleuse idée de sortir une boîte d'allumettes, d'en gratter une, et de la fourrer dans le canon de l'engin.

- Eh non fais pas ça! ça va...

...exploser, mais ça, il eût pas le temps de le dire que ça se produisit. A'lana et lui furent soufflés sur plusieurs mètres en roulant. La jeune femme fut arrêtée en heurtant violemment un tronc d'arbre, et Judéas atterrit dans une charrette de foin. C'était toujours pour les autres les atterrissages en douceur apparemment... Elle se leva et posa ses mains sur ses oreilles. Elle n'entendait rien d'autre qu'un horrible sifflement. Elle rejoignit Judéas en titubant et il la rattrapa avant qu'elle ne s'écroule. Elle ne sentait pas encore bien ses jambes.

- A'lana... A'lana ça va? Réponds moi je t'en supplie... me laisse pas hein?

Heiiiin? Qu'est-ce qu'il dit lui? Elle détourna le regard vers le ciel et observa que les papillons aux alentours étaient morts. Son produit marchait, mais était en train de s'envoler n'importe où. Le corps de A'lana dégagea alors de la vapeur d'eau. Beaucoup de vapeur d'eau. Celle-ci s'éleva dans le ciel, jusqu'à atteindre la température du point de condensation pour former des nuages. Ceux-ci recueillir l'insecticide, et finalement, il commença à pleuvoir, répandant les spores toxiques pour les papillons sur tout Shi Telara. Ce genre d'utilisation de la magie coûtait énormément à la jeune femme qui perdit connaissance l'instant d'après. Judéas la regarda un instant puis embrassa le front chaud de la demoiselle.

Lorsque A'lana se réveilla, ce fut dans la grange près des champs, allongée sur un tas de paille. L'ingénieur était là, et avait apporté du pain frais et de l'eau.

- Les fermiers à côtés tenaient à ce que tu te reposes avant de repartir. Ils t'offrent de quoi manger pour quelques jours encore.

La migraine la prit soudainement, comme un clou qu'on lui aurait enfoncé dans le crâne.

- Je... j'ai dormis combien de temps...?

- Pas moins de 18h...

Elle ouvrit de grands yeux alarmés, elle pensa immédiatement à sa fille qui devait être morte d'inquiétude. Elle commença à se lever mais Judéas la retînt.

- Ne t'inquiète pas, elle est là.

Et comme promis, sa progéniture arriva et sauta dans les bras de sa maman.

- Maman! Z'ai eu peur que tu es vraiment trop bobo et que tu te réveilles jamais...

A'lana câlina son enfant et le jeune homme adressa un clin d'oeil à la guerrière surtout mère. Elle lui rendit un sourire pour avoir eu cette délicate attention. Lorsqu'elle fut en forme pour marcher, les deux filles repartirent chez elles après avoir insisté sur les remerciements pour l'hospitalité, le dérangement, éventuellement l'explosion qui avait causé quelques dégâts, mais avait éradiqué ces saletés de papillons.